Une crise évitée de justesse pour l’hébergement des données en France.
Ces dernières semaines, nous avons eu chaud. Très chaud, même. Sous prétexte de renforcer la lutte contre le narcotrafic – objectif certes louable – l’amendement 73 rect, adopté par le Sénat, menaçait directement l’intégrité même de l’écosystème cloud français, et donc la sécurité des données que vous nous confiez quotidiennement.
Cet amendement prévoyait tout simplement d’imposer aux fournisseurs de services utilisant le chiffrement (comme Kabia) la mise en place de « portes dérobées » permettant aux services de renseignement d’accéder aux données pourtant censées rester confidentielles.
Concrètement, quel était le risque ?
Très clairement : un affaiblissement généralisé de la sécurité numérique. Chez Kabia, comme dans toute entreprise sérieuse du secteur, nous utilisons le chiffrement partout : données stockées, transit réseau, disque et volume. Cette mesure aurait rendu ces protections inutiles, ouvrant potentiellement vos données à des intrusions non maîtrisables.
Comme le répètent régulièrement les spécialistes de la cybersécurité – à commencer par Guillaume Poupard, ancien directeur de l’ANSSI – créer une porte dérobée pour les autorités, c’est ouvrir une porte pour tout le monde, y compris les cybercriminels.
Les dangers réels derrière ces « portes dérobées »
En tant que dirigeante d’une entreprise d’hébergement de données informatiques et engagée depuis 20 ans dans le numérique responsable, je tiens à rappeler les quatre risques majeurs de cette approche :
- Une sécurité affaiblie pour tous : impossible de garantir un usage exclusivement légitime.
- Des vulnérabilités exploitables : chaque faille imposée est une opportunité pour les pirates (comme l’ont montré les attaques récentes de groupes comme Salt Typhoon).
- Une inefficacité totale face aux criminels réels : les réseaux criminels ont déjà leurs propres outils cryptés.
- Une perte directe de compétitivité pour le secteur cloud français : les entreprises auraient fui vers des fournisseurs étrangers, mettant à mal notre souveraineté numérique.
Une souveraineté numérique paradoxalement menacée.
Cet amendement allait à l’encontre même de ce que Kabia défend depuis toujours : une souveraineté numérique réelle, basée sur une confiance technique . Il aurait été absurde de pousser nos entreprises françaises, publiques comme privées, à choisir des hébergeurs étrangers pour assurer la sécurité que nous n’aurions plus pu garantir localement.
Mobilisation réussie grâce aux acteurs du Cloud.
Heureusement, cette menace a pu être écartée grâce à une mobilisation rapide et coordonnée menée par différents acteurs, et entre autre Eurocloud, dont Kabia est membre actif. Cette situation démontre parfaitement pourquoi nous sommes engagés auprès de cette association : c’est précisément pour peser collectivement sur ce type de décision stratégique.
En tant que dirigeante d’une PME comme Kabia, je sais que seuls, nous n’aurions pas pu influer efficacement sur les décisions parlementaires. Eurocloud nous permet d’être vigilants ensemble, de rester alertes, et surtout, de protéger efficacement notre secteur en nous donnant une voix forte.
Pourquoi nous restons engagés et vigilants.
Cet épisode doit être une alerte : ces tentatives de réduire la sécurité du chiffrement reviendront. La tension entre sécurité publique et protection des données ne disparaîtra pas demain.
Chez Kabia, nous restons pleinement mobilisés et vigilants. Notre rôle, c’est aussi de vous protéger et de défendre vos intérêts. Parce que votre confiance est essentielle, nous continuerons à nous opposer à toute mesure qui compromettrait l’intégrité et la confidentialité des données que vous nous confiez.
Pour en savoir plus sur notre engagement et notre approche en matière de sécurité numérique, contactez-moi directement ici.

Corinne Meynier est une personne passionnée par l’entrepreneuriat et la technologie. Elle a co-fondé Kabia en 2005, une entreprise proposant des services à haute valeur ajoutée axés sur les réseaux, la sécurité, l’hébergement internet à très haute disponibilité, le Cloud computing régional PACA et des solutions de mise en réseau et sécurité pour systèmes d’informations.
Elle prête sa voix au podcast Kabia
En plus de son rôle de co-fondatrice chez Kabia, Corinne Meynier est également engagée dans différentes organisations. Elle est membre du conseil d’administration d’EuroCloud depuis novembre 2022, une organisation qui promeut l’adoption du Cloud computing en Europe.
Corinne Meynier partage ses connaissances et son expérience à travers son podcast, qui a pour objectif de donner des clés simples pour comprendre le monde numérique que nous utilisons chaque jour. Elle est une entrepreneuse passionnée qui croit en l’importance de l’humain au centre de la technologie.