Définition de l’IA-First by Chat GpT
IA-First (ou AI-First) désigne une approche où l’intelligence artificielle devient le cœur de la conception et du fonctionnement des systèmes, infrastructures et services numériques. Plutôt que d’intégrer l’IA en complément ou en amélioration d’un existant, l’IA est placée au centre de la stratégie, influençant l’architecture logicielle, l’organisation des ressources cloud et les processus métier.
Concrètement, une approche IA-First implique :
- Une infrastructure optimisée pour l’IA : architecture cloud pensée pour entraîner, héberger et déployer des modèles à grande échelle, avec des ressources matérielles spécialisées (GPU, TPU, FPGA).
- Des processus automatisés et adaptatifs : prise de décision et optimisation des opérations via l’IA plutôt que des règles prédéfinies.
- Une exploitation systématique des données : valorisation de l’apprentissage automatique dans tous les processus métier, de l’analytique à la cybersécurité.
- Une interaction centrée sur l’IA : expériences utilisateur repensées autour des modèles de langage, de la vision par ordinateur ou des assistants intelligents.
L’IA-First ne se limite pas à une révolution technique : elle transforme aussi les métiers, la gouvernance des systèmes et les logiques d’innovation.
Vous reprendrez bien un peu d’IA-first ?
L’IA-first dans le cloud est partout. Elle est vantée comme le moteur d’une transformation radicale, un levier de compétitivité incontournable, une révolution technologique qui redessine les équilibres économiques et industriels. Derrière ces promesses, la réalité est plus nuancée. Car si l’IA transforme tout, elle vient aussi bousculer des certitudes, exposer des failles, et poser des défis que nous n’avons pas encore réellement anticipés.
Loin des discours marketing, cette mutation impose une reconfiguration complète des compétences, des infrastructures et des modèles économiques. Qui survivra à cette transition ? Qui sera laissé sur le bord de la route ? Faisons le point dans l’univers du cloud.
Architectes cloud : une espèce en mutation accélérée
L’époque où un architecte cloud se contentait d’optimiser des VM et de gérer des load balancers touche à sa fin. Aujourd’hui, ce qui compte, c’est la capacité à concevoir des infrastructures capables de supporter des modèles de centaines de milliards de paramètres.
Le fossé technologique se creuse rapidement. Certains continuent de tuner des clusters Kubernetes, d’autres bâtissent déjà des architectures nativement pensées pour l’IA, optimisées pour le quantization, le fine-tuning dynamique et l’optimisation en temps réel des modèles.
Les entreprises les plus avancées ont compris que la gestion du cloud IA-first ne se limite plus à l’ingénierie logicielle : elles recrutent des experts en optimisation algorithmique, des physiciens quantiques, des spécialistes en modèles de fondation. L’infrastructure devient un sujet stratégique et les compétences évoluent en conséquence.
L’enjeu n’est pas seulement de savoir orchestrer des ressources, mais d’en comprendre les limites. La scalabilité ne se pense plus en termes de CPU et de mémoire, mais en efficacité d’inférence, en latence des modèles, en consommation énergétique. Ce n’est plus une simple évolution des métiers, c’est une transformation de leur ADN.
Sécurité IA : un risque systémique encore sous-estimé
L’IA introduit une nouvelle catégorie de menaces qui n’a rien à voir avec la cybersécurité traditionnelle. Les attaques contre les pipelines IA ont explosé de 230 % en six mois. Pourtant, la sécurité de ces modèles reste un angle mort majeur.
Les architectures IA-first s’appuient sur des modèles opaques, souvent entraînés sur des données sensibles. Qui maîtrise réellement ces modèles ? Qui peut garantir leur intégrité ? L’ »empoisonnement » des données d’entraînement, les attaques adversariales qui exploitent les failles inhérentes aux modèles d’IA, qui n’ont pas la même perception du monde que les humains et peuvent être manipulés par des modifications subtiles et imperceptibles à l’œil nu. Le vol d’informations via prompting qui est une technique qui consiste à exploiter les failles d’un modèle d’intelligence artificielle, en particulier les LLMs (Large Language Models), pour en extraire des données sensibles ou confidentielles.… Ces nouvelles menaces rendent obsolètes nos approches classiques de protection.
Le plus inquiétant ? La réglementation peine à suivre. Pendant que l’UE commence à structurer un cadre pour l’IA responsable, les entreprises continuent de déployer des modèles black-box sans véritable contrôle. Le risque ne se limite pas aux fuites de données : il touche aussi à la fiabilité des décisions prises par ces modèles.
Les entreprises les plus matures commencent à intégrer des pratiques de red teaming IA, à renforcer la gouvernance des modèles et à investir dans des solutions d’explicabilité. Mais, pour la majorité, la réalité est simple : nous naviguons à l’aveugle.
Crise des ressources : le mirage d’un cloud illimité.
On nous vend un cloud où la puissance de calcul est infinie, disponible à la demande. Mais dans les faits, c’est loin d’être le cas.
Les délais pour obtenir des clusters A100/H100 dépassent aujourd’hui six mois (corrigez-moi si je me trompe). Certaines entreprises payent des surcoûts astronomiques pour garantir un accès prioritaire aux GPU haute performance. Cette rareté bouleverse l’équilibre du marché : les géants technologiques s’accaparent les ressources, tandis que les autres doivent se contenter des miettes.
Nous assistons à une course à l’armement où seuls les mieux financés survivent. Pour les startups et PME, cette situation pose une question existentielle : comment innover sans accès garanti aux ressources essentielles ?
Certains acteurs reviennent progressivement vers des infrastructures on-premise pour sécuriser leur souveraineté technologique. D’autres optent pour des architectures hybrides, combinant cloud et serveurs spécialisés en interne. Dans tous les cas, la promesse d’une scalabilité illimitée du cloud IA-first se heurte désormais aux contraintes physiques du monde réel.
La guerre des talents : un goulet d’étranglement majeur.
Un autre problème vient s’ajouter : les ressources humaines. Trouver un expert capable de concevoir, déployer et optimiser des modèles IA-first en production est devenu un casse-tête.
Les salaires des ingénieurs en machine learning explosent, et le marché ne suit pas. Les universités peinent à adapter leurs formations à la rapidité des évolutions technologiques. Résultat : un déficit chronique de compétences qui freine le développement des projets IA et crée une dépendance accrue aux solutions clés en main des grands fournisseurs cloud.
Les entreprises doivent revoir leur approche en matière de recrutement et de formation interne. La montée en compétences devient une priorité absolue. Encore faut-il que les organisations soient prêtes à investir dans ces transformations.
Écoresponsabilité : un défi que l’industrie préfère ignorer.
Un modèle génératif peut consommer autant d’énergie qu’un ménage américain sur cinq ans. Les data centers spécialisés en IA absorbent des quantités d’eau colossales, exacerbant les tensions dans des régions déjà en stress hydrique.
Pourtant, le discours officiel continue de vanter un cloud « green » et « sustainable ». On parle de certifications carbone neutre, mais la réalité est simple : la consommation énergétique de l’IA explose et nous ne disposons pas de solution viable à court terme pour compenser cet impact.
Certaines initiatives tentent d’inverser la tendance : l’émergence de modèles plus petits et plus efficaces, l’optimisation des algorithmes pour réduire leur empreinte énergétique. Cependant, ces efforts restent marginaux face à la course à la puissance qui domine l’industrie.
Souveraineté numérique : le grand oublié du débat.
L’IA-first est dominée par un petit nombre d’acteurs américains et chinois. L’Europe, avec ses tentatives de structuration comme GAIA-X, peine à proposer une alternative crédible.
Cette dépendance technologique devient critique pour des secteurs stratégiques : défense, santé, finance. Peut-on raisonnablement confier nos données et nos infrastructures les plus sensibles à des plateformes que nous ne contrôlons pas ?
L’heure n’est plus à la naïveté. Face à ce déséquilibre, des approches hybrides émergent : utilisation de services cloud internationaux pour des usages non critiques, développement de solutions souveraines pour protéger les actifs les plus stratégiques. Cette dualité complexifie la gouvernance et impose une réflexion en profondeur sur l’avenir de nos infrastructures numériques.
Ma vision (oui, mon égo parfois est là) : un changement de paradigme inévitable.
L’IA-first dans le cloud n’est pas une évolution progressive. C’est une rupture brutale qui redistribue les cartes. Ce n’est pas un simple changement technologique : c’est une redéfinition des compétences, des infrastructures et des modèles économiques.
Seules les organisations capables d’anticiper ces transformations resteront dans la course. Les autres subiront la vague sans pouvoir en tirer parti.
Pour naviguer dans ce nouvel écosystème, une approche pragmatique s’impose :
- Développer une vision stratégique pour éviter de subir l’IA-first comme une contrainte.
- Investir dans la montée en compétences pour ne pas dépendre uniquement des grandes plateformes.
- Repenser ses infrastructures avec une approche hybride et résiliente.
- Anticiper les enjeux réglementaires et éthiques avant qu’ils ne deviennent bloquants.
Nous sommes à un tournant. Ceux qui sauront s’adapter en sortiront renforcés. Les autres verront leurs modèles s’éroder progressivement.
(Et oui, chez Kabia, nous prenons aussi ces sujets à bras-le-corps. Mais ça, c’est pour un autre post.)

Corinne Meynier est une personne passionnée par l’entrepreneuriat et la technologie. Elle a co-fondé Kabia en 2005, une entreprise proposant des services à haute valeur ajoutée axés sur les réseaux, la sécurité, l’hébergement internet à très haute disponibilité, le Cloud computing régional PACA et des solutions de mise en réseau et sécurité pour systèmes d’informations.
Elle prête sa voix au podcast Kabia
En plus de son rôle de co-fondatrice chez Kabia, Corinne Meynier est également engagée dans différentes organisations. Elle est membre du conseil d’administration d’EuroCloud depuis novembre 2022, une organisation qui promeut l’adoption du Cloud computing en Europe.
Corinne Meynier partage ses connaissances et son expérience à travers son podcast, qui a pour objectif de donner des clés simples pour comprendre le monde numérique que nous utilisons chaque jour. Elle est une entrepreneuse passionnée qui croit en l’importance de l’humain au centre de la technologie.